MA LETTRE – Hommage à Roger Kalemba

Je t’avais promis que je ne serai plus triste. Je t’avais dit que je tiendrai. Je t’avais dit que je survivrais.  Mais voilà le temps est passé et je reviens vers toi !!! je reviens vers toi parce-que ma douleur est grande et ma peine immense. Grande et immense car mes larmes coulent dans mes entrailles. Elles refusent de couler sur mes joues pour pas les abimer. Tu te souviens surement de lui. Comme moi il était toujours avec toi ; Comme moi il te suppliait de le laisser « exister » ; comme toutes ses personnes, il voulait tout simplement « vivre ».

Il me parlait de projets de vie. Il me parlait de sa maman, de sa sœur ; il me parlait d’amour et de paix. Que de rêves brisés, que de cœurs déchirés ; il n’a pas tenu.

Il n’a pas tenu face à la douleur que tu lui as infligée ; il n’a pas tenu face à sa famille en souffrance et son impuissance à briser les chaines que tu lui as mises. Il n’a pas tout simplement survécu.

Comme lui beaucoup sont encore derrières tes grilles. Tu les appelles « illégaux », tu les prives de liberté. Ils crient, ils pleurent, ils agonisent et finissent par s’éteindre sous tes yeux ou souvent très loin de toi.

L’Un d’entre eux s’appelait KALEMBA ROGER. Quinze années qu’il te supplie de le laisser vivre. Quinze années qu’il subit ton injustice. Quinze années que tu t’acharnes contre lui. Quinze années !!!!

J’imagine la douleur d’une mère qui n’a pas revu son fils depuis quinze années.  J’imagine la femme qui regarde la route depuis quinze années, un enfant à qui on a tout arraché et qui devra désormais être un « enfant-adulte ». La tristesse de tous ceux-là privés d’affection.

Si j’ai choisi de t’en parler, c’est parce-que tout est si loin et si proche de nous.  Si je te le dis c’est parce-que tu pouvais passer à côté sans t’en rendre compte.

Si j’attire ton attention c’est parce-que je pense que nul n’a le droit d’infliger une telle douleur à son prochain. Si je m’exprime c’est parce-que j’ai espoir…

Espoir que les hommes seront vraiment égaux, que chaque vie compte, que la main tendue croisera une autre main ; espoir que la lumière reviendra ; que les chants remplaceront les coups de fusils et de mitraillettes ; espoir que l’océan est bleu ; espoir que Kalemba repose en paix.

En hommage à Roger Kalemba, qui s’est suicidé en détention dans le centre fermé de vottem le 19 décembre 2015.

Repose en paix