BIBLIOSPHÈRES – la bibliothèque interculturelle

Le projet Bibliosphères vise à développer une bibliothèque interculturelle en tant que lieu de rencontre et d’échanges, ouverte et accessible au plus grand nombre de personnes, usager.ère.s du MDP, comme habitant.e.s du quartier ou de la ville de Liège. Elle contribue à la compréhension interculturelle, à l’égalité des chances et à la cohésion sociale. La bibliothèque interculturelle travaille cette diversité : il s’agit d’un lieu tiers où la diversité se vit et se partage. De plus, un fonds d’ouvrages représentatifs de la diversité linguistique et culturelle des personnes migrantes se constitue graduellement et donne corps à la bibliothèque. 

Deux objectifs principaux caractérisent le projet : 

1) Faire connaitre et valoriser le potentiel linguistique et culturel des usager.ère.s de la bibliothèque, avec une dimension de transmission entre les générations, les sexes et les origines. L’existence de la bibliothèque interculturelle va dans le sens d’une réciprocité de l’intégration entre les personnes migrantes appelées à s’intégrer et un pays qui se doit de leur faire une place et de favoriser la coexistence et le dialogue entre les cultures, en soignant le vivre ensemble. 

2) Faciliter l’intégration par la reconnaissance et la valorisation des langues et des cultures, qui sont des éléments essentiels de l’identité de chacun.e. Des animations ont ainsi lieu régulièrement en sollicitant la participation active des usager.ère.s, en les invitant à proposer des œuvres à présenter et lire (aussi dans leurs langues maternelles) et mettre en valeur des éléments culturels propres à leurs identités. Leurs compétences linguistiques et culturelles sont mises à profit pour enrichir les collections : l’engagement des usager.ère.s est essentiel, il permet de toucher au mieux notre public et d’adapter les animations. 

Valoriser et partager sont des mots clé de Bibliosphères, projet qui stimule le potentiel des participant.e.s et qui alimente le dialogue interculturel, l’écoute bienveillante et la co-construction. 

 

Quelques activités menées en 2022

  

A partir de quelques mots liés à la surprise, les participant.e.s ont été invité.e.s à partager un souvenir ou une anecdote qui les aurait supris.e.s et à le mettre en forme sous l’aspect d’une boite contenant la situation à représenter. Ateliers interculturels dans lesquels des personnes de divers groupes du MdP ainsi qu’une personne belge externe à l’asbl se sont rencontrés, ont échangé, partagé des éléments de leurs langues maternelles, exprimé via des moyens artistiques. 

 

  • Animation “L’amour au fil des cultures” : Animation menée dans divers groupes du Monde des Possibles questionnant les représentations de l’amour pour l’un.e et l’autre. A l’issue de l’animation, des poèmes collectifs ont été créés et ils ont été regroupés dans une expo affichée dans les couloirs du MdP. 

La fiche d’animation de cette séquence est disponible ici

 

Sur la même thématique de l’amour, un événement public a été organisé : les participant.e.s ont partagé un texte, une chanson ou un poème d’amour dans leur langue maternelle. 

 

Exposition des boites à surprise réalisées avec l’artiste Emilia Bellon et projection d’un film présentant la démarche ainsi que les témoignages des participant.e.s. 

 

  • Visionnage du spectacle de théâtre Kosmos et débat interculturel co-géré avec le service animation du Théâtre de Liège. 

Qu’il y a-t-il derrière la mythologie ? Quelle philosophie, manière de lire la réalité ? Quelles influences construisent l’histoire connue ? Pourquoi certaines connues plus que d’autres ? Qu’est-ce qui fait qu’une idéologie, théorie, philosophie soit transmise et une autre perdue ? 

 

  • Participation au focus groupe sur le rôle de l’art et de la culture dans l’intégration des personnes migrantes, en collaboration avec Diesis network

Dans la cadre du projet InCreate, le focus group était organisé en trois parties principales : présentation des objectifs du groupe de discussion, notes sur l’utilisation des informations fournis au cours du focus group et présentation en table ronde des participants ; discussion autour du rôle de l’art dans l’intégration en Belgique ; conclusions, présentation de l’enquête et prochaines étapes. La discussion a porté sur les aspects suivants : les difficultés liées à l’intégration en Belgique, les obstacles auxquels les TCN sont confrontés dans l’accès et l’expression des activités artistiques et culturelles, la présence d’activités artistiques et culturelles dans les formations qui leur ont été proposées ou qu’ils ont suivies, les besoins qui leur manquent pour accéder et exprimer davantage la culture. 

 

  • Un atelier multilingue pour découvrir les langues farsi, russe, bambara, tigrigna et espagnol. 

Une soirée publique où des stands et des animations invitaient les personnes présentes à découvrir des mots, des proverbes, des recettes, des objets, etc… Les interprètes en formation Univerbal ont présenté une partie du travail mené.

 

  • Atelier peinture pour enfants. 

Atelier d’expression à travers l’outil de peinture de la table palette, autour de la thématique de l’arbre. 

 

Animation comprenant une présentation, des photos, un atelier d’écriture, une initiation à la langue bangla, la découverte de personnes symbole du Bangladesh, … proposée et organisée par une bénéficiaire du Monde des Possibles, le 06/05/2022.  

Une participante bengalie a invité le public à la découverte de son pays à travers histoire, géographie, démographie, économie, art, danse, cuisine, langue. Un moment culturel riche de convivialité et dialogue interculturel visant à se rapprocher à la culture bengalie. 

 

Partage et apprentissage de danses d’Afrique (RDC, Burkina), Roumanie, Italie, Bangladesh. Danses reproposées lors de l’événement public des 20 ans du MdP. 

 

  • 3 ateliers « français à travers les livres” pour enfants, pendant l’été 2022. 

Animations conçues à partir de trois livres du répertoire Bibliosphères (Michaël Escoffier, Kris Di Giacomo, Sans le A, Kaléidoscope, 2012 ; Bernadette Gervais, En 4 temps, Trapèze, 2020 ; Zoom, Un Livre, ABC nature, …). Lecture animée des livres et activités ludiques et créatives (peinture, bricolage, cuisine) s’inspirant de l’histoire découverte collectivement. 

 

Méthodologie

Au vu de la grande variété intrinsèque de notre public, nous ne considérons pas qu’une animation type pourrait facilement être reproductible telle une recette à appliquer. Les fiches d’animation qui seront mises à disposition représenteront toujours des canevas à adapter selon le groupe auquel l’animation sera adressée : à cette fin, les fiches reporteront des remarques pour accompagner l’adaptation de l’animation. 

Surtout, nous souhaitons mettre en avant une approche avec des pistes d’actions et des points de vigilance. Voici quelques éléments qui peuvent être formalisés et sur base desquels des animations pourraient prendre forme. 

Pistes d’actions : 

  • Partir des savoirs des participant.e.s : dans une idée de démocratie culturelle, Bibliosphères promeut l’expression des cultures minoritaires et subcultures présentes au Monde des Possibles. Il s’agit de considérer le capital culturel des participant.e.s, c’est-à-dire l’ensemble de leurs savoirs et savoir-faire, et leur reconnaitre une importance égale au capital culturel du pays d’accueil (voire la culture francophone et européenne).  
  • Contextualiser les apports culturels : de quel type de ressource s’agit-il ? De quelles significations se fait-elle porteuse ? Par qui est-elle alimentée ? Où et quand se développe-t-elle ou s’est-elle développée ? Comment aurait-elle évolué, si c’est le cas ? Quel est le rapport des personnes avec celle-ci ? 
  • Questionner les représentations individuelles et collectives : une réflexion initiale sur ce que c’est que la culture pour les participant.e.s permet de lancer un processus collectif de réflexion amenant les personnes à la fois à se décentrer et prendre du recul par rapport à ses codes culturels et à expliquer aux autres des éléments de son héritage culturel considérés comme importants.  
  • Développer une réflexion sur le rôle de la culture et de l’art dans la vie des participant.e.s : il est intéressant de creuser la question de la place de la culture dans la vie des participant.e.s et reconnaitre qu’elle peut prendre différentes formes. Sans oublier les cultures qui se forment à partir de la participation à une action collective, coconstruite, résultat nouveau d’une dynamique avant inexistante. 
  • Valoriser les ressources amenées par les participant.e.s : une fois identifiées des ressources culturelles significatives aux yeux des participant.e.s par rapport à leur culture d’origine ou de référence, il est essentiel de chercher ensemble les moyens pour qu’elles soient connues, vécues. Si c’est important que la personne puisse s’exprimer à l’intérieur du groupe, il est aussi intéressant qu’elle puisse se faire connaitre à travers son bagage culturel par un public mixte (d’autres groupes du Monde des Possibles comme d’autres personnes en dehors de l’asbl).  
  • Choisir collectivement comment concrétiser la rencontre autour des ressources identifiées : il s’agit d’une réelle rencontre interculturelle dans laquelle les identités présentes s’ouvrent à l’autre. Selon notre expérience, cette rencontre peut se réaliser à travers multiples manières : des lectures partagées, une fête, une présentation plus formelle, un atelier participatif, une expo, … Il revient à la personne à l’origine de la rencontre d’opter pour la formule qui la correspond le mieux. 

Points de vigilance : 

  • Ambiance d’écoute et de confiance : il est fondamental de poser une cadre avec le groupe avec qui l’on travaille pour que les personnes comprennent l’importance du non-jugement. Il est conseillé d’interroger les ressources culturelles pour une meilleure compréhension du contexte et de son origine. Si l’écoute venait à être brisée, les échanges risqueraient de ne pas être authentiques et le manque de confiance amènerait à une perte de spontanéité quant aux échanges entre les participant.e.s. 
  • Favoriser l’expression personnelle de manière égalitaire : la parole devrait être repartie équitablement dans le groupe pour véhiculer une idée de démocratie à laquelle s’inspirer pour le fonctionnement du groupe. L’expression personnelle peut se manifester par d’autres canaux qu’uniquement le langage oral, c’est pourquoi des activités artistiques variées sont conseillées et promues.  
  • Se proposer comme support dans le travail sur la ressource : le/a formateur.rice fait preuve de réactivité pour réaliser les micro-projets des participant.e.s en étant le/a référent.e pour une série d’aspects à prendre en considération (recherche de contenus, partenaires, logistique). Être référent.e signifie accompagner tout en laissant le groupe prendre ses responsabilités dans la répartition des tâches. 
  • Faire confiance au groupe dans la préparation de la rencontre ainsi que dans l’évaluation du processus : le processus de préparation de la rencontre peut se dérouler de manière très différente d’un groupe à l’autre car les variables sont nombreuses (nombre de participant.e.s, niveau de connaissance interpersonnelle, expériences, savoirs et savoir-faire, disponibilité mentale et temporelle, etc.…). Il ne faut pas oublier de revenir régulièrement au groupe pour qu’il puisse s’auto-évaluer non seulement à la fin de la rencontre mais également le long du processus de préparation. Nous trouvons que des formes d’évaluation qualitative correspondent pertinemment à l’objectif de développement du dialogue interculturel poursuivi par Bibliosphères.