Introduction au projet Interlangues

Après l’émotion, la réflexion et l’action : comment répondre aux jeunes qui s’interrogent sur l’assassinat des journalistes caricaturistes de Charlie Hebdo le mercredi 7 janvier 2015 ? Dans toute l’Europe géographique, beaucoup d’animateur-trices, de professeurs ont abordé la question avec leurs élèves dès le lendemain de l’attentat. Beaucoup se sont trouvés démunis par les interpellations des jeunes. Ces évènements à Paris, Verviers et le climat sécuritaire, les militaires dans la rue en Belgique, les tensions issues du conflit en ex-Yougoslavie et de la guerre civile en Géorgie pointent que le dialogue interculturel et l’expression des droits à vivre ses convictions philosophiques restent difficiles à atteindre dans certains contextes où les jeunes vivent. Les apprentis dessinateurs que sont les jeunes d’Interlangues ou les professionnels confirmés n’ont pas la même façon de travailler, la même culture, ne rient pas de la même chose, la culture du dessin est différente mais nous croyons possible un respect de l’autre par une coconstruction d’une certaine universalité du dessin, de son intention d’où le nom du projet.

Présentation lors du 1er jour de la rencontre à Bruxelles qui fédéra 40 jeunes de Macédoine, Serbie et Géorgie :

Le projet Interlangues.    Des éclats de rire.

Interlangues est né il y a quelques mois quand une professeure de français a exprimé son désarroi devant les questions légitimes de ses élèves suite aux attentats de Charlie Hebdo à Paris.  C’est l’humour, le droit de rire, de se moquer avec une plume et un dessin que des extrémistes ont attaqué.  Nous animateurs, nous savons le prix de la liberté, nous professeurs, nous essayons chaque jour de transmettre un esprit critique sans lequel il n’y a pas de sciences, pas de savoir car tout peut-être critiqué.

L’année 2015 fut terrible, c’est une grande tristesse car l’impertinence fait partie de la vie et c’est la vie qui fut ciblée.  Soyez moqueur, soyez frondeur, la dérision et l’autodérision nous appartiennent, nous pouvons nous moquer de nous même, nous le devons.

Interlangues est un projet pour lutter contre l’obscurantisme qui veut étouffer la liberté d’expression.  C’est une résistance aux fanatiques religieux, aux extrêmes droites, aux politiques qui entretiennent la misère et le terrorisme.

On a tous conscience que ce qui s’est passé est très grave.  Est-ce que cela peut m’arriver ?  Pourquoi des gens font cela sont des questions que les jeunes se posent normalement.  C’est ensemble qu’on peut tenter de répondre à ces questions.  Des questions pour faire le point, des questions pour aussi exprimer nos points de vue, ce que vous aimez, la société que vous souhaitez construire ensemble.

Nos rires sont des chants, des petits dessins au nom de notre liberté.  Nous vous remercions d’être parmi nous dans le climat sécuritaire qui a frappé la France et la Belgique.  Merci d’être là et d’affirmer votre envie, votre désir d’inventer, de découvrir la diversité du monde.  Votre présence est en soi la manifestation d’une lutte pour nos valeurs démocratiques.

Les mots nous manquent devant la souffrance,  nous sommes tous touchés par ce qui s’est passé, nos émotions s’entrelacent.  Mais voici qu’avec nos dessins, nos caricatures nous affirmons une force créatrice immense.  Ici commence un monde possible.  En janvier dernier, Luz disait aux obsèques de Charb « je suis Charlie ? Prouvez-le » et bien voilà nous sommes là et bien prêts à nous exprimer.  Cela ne tient qu’à vous que cette expérience soit solidaire et unique.  

Kevin et Thomas sont présents pour vous accompagner dans le chemin des « même pas peur ». Bon travail les amis.  Je vous souhaite de bons coups de crayons et surtout de bien vous amuser.

Page web du projet ici