Le caricaturiste Nicolas Vadot nous rend visite dans le projet Interlangues.

Quand l’audace, la liberté, le mouvement et l’humour nous rassemblent.

Ce dimanche 20 décembre 2015, nous avons accueilli le caricaturiste Nicolas Vadot dans notre projet Interlangues. « Désapprendre l’intolérance en apprenant à se regarder dans un miroir » pourrait être le conseil que Nicolas a adressé ce jour aux 50 jeunes caricaturistes des Balkans et Caucase rassemblés à Bruxelles.

Comme 120 autres caricaturistes du monde entier, Nicolas est membre de l’association « Cartoonist for peace » créée en 2006 par Plantu et Koffi Hanan après l’affaire des caricatures au Danemark. Cette association regroupe des chrétiens, athées, musulmans, juifs, laïcs qui échangent ensemble sur le dessin de presse, sur les tabous de chaque pays.

Le métier de caricaturiste consiste à tendre un miroir aux lecteurs afin de nous inviter à réfléchir à nos propres convictions en observant celles des autres. Est-ce que le dessin doit faire réfléchir ou doit-il distraire ? Nicolas n’est pas un dessinateur humoristique, pour lui l’humour est un moyen et pas une fin.  Son métier est de faire réfléchir car le dessin ignore les frontières, il s’adresse à notre inconscient.

Différentes manière peuvent être utilisées pour toucher les gens ; l’approche poétique tente de mettre une distance entre la réalité et nous, mettre le monde à distance pour le rendre plus supportable ? Le dessin peut être une manière de partager une émotion collective, de renouer avec la joie d’être actif dans l’action, dans des nouvelles expériences collectives.

Le dessin satirique adresse les tabous. Comment les détecter ? Nicolas félicite les jeunes participants du projet Interlangues de s’être déplacés en Belgique, de voyager car le voyage est une belle manière d’apprendre d’autres manières de penser. « Le meilleur moyen de devenir stupide est de ne pas se mélanger ». L’interaction permet de comprendre d’autres réalités, de devenir moins con. C’est un peu l’idéal européen ; tous différents dans une même entité.

Le sexe et la religion constituent les tabous les plus fréquents avec lesquels jouent les dessinateurs. Nicolas déplore une certaine censure plutôt économique liée à la peur de perdre des abonnés plutôt qu’à une disposition moralisatrice. Il est important de replacer chaque image dans son contexte pour éviter des mauvaises interprétations. Un des dessinateurs du journal Charlie Hebdo Tignous respectait toutes les croyances et non croyances. Nicolas croit qu’il a été assassiné parce qu’il respectait les croyances de chacun-e car les extrémistes tuent ceux qui ne pensent pas comme eux.

L’évolution du métier de caricaturiste amène Nicolas Vadot à constamment évaluer les éléments qu’il place dans un dessin de presse et à expliquer comme aujourd’hui son métier à différents publics. Les petits dessins comme ceux que les jeunes du projet Interlangues réalisent rappellent aux adultes qu’ils ont été des enfants et que leurs impertinences peuvent persister dans nos modes d’expressions.

Interlangues signifie que le dessin est un langage universel, c’est aussi une manière d’affirmer l’humilité de nos perceptions du monde, que la vérité n’existe pas. Wolinski disait qu’un dessinateur de presse « n’a pas d’illusions », il tente de dessiner le monde tel qu’il est, en cherchant un certain espoir sans tomber dans le cynisme.

Sur différentes thématiques (écologie, lutte contre les discriminations, manque d’objectivité de certains médias….) nous trouvons des points de vue originaux, des formes de contestation issues du jeu, du rêve, du plaisir d’être présents que les animateurs Kevin Cocco et Thomas Vermeire proposent pendant ces 5 jours de rencontre à Bruxelles.   Comme Nicolas Vadot le souligne, on découvre dans ces dessins des jeunes une dimension symbolique et du réel qui propose un nouvel imaginaire à ceux et celles qui savent regarder le monde autrement.

Vous souhaitez retrouver les dessins de Vadot ?

Une présentation d’interlangues ?

Avec le soutien de l’Union Européenne – Erasmus +